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Née à Toul le 23 décembre 1891

Décédée à Paris le 13 juin 1983

 

Son père, entré par concours dans l’administration des Finances, et sa mère linéenne, habitent Toul où Jeanne passe son enfance.

Ses grands-parents maternels habitent Ligny-en-Barrois où ils ont créé une fabrique de confiture dans la maison aujourd’hui occupée par la pâtisserie Voiriot. Cette fabrique sera transférée un peu plus loin, au n°46 rue de Gaulle.

Son père, dreyfusard, fut déplacé et nommé à Joinville (Haute-Marne) à cause de ses convictions.

C’est là, à Ligny, que Jeanne passera ses vacances tout au long de sa vie.

 

Les études

Il fallut trouver un cours secondaire pour jeunes filles pour que Jeanne puisse continuer ses études. A 14 ans, elle entre comme interne à Dijon, en 3ème (qui correspond à la 4ème actuelle) mais avec un retard de 2 ans d’allemand à rattraper. A cette époque, en France, il existait peu de lycées de jeunes filles. Le premier créé fut le lycée Fénelon, en 1883. Les mentalités de l’époque n’acceptaient pas facilement les études des jeunes filles. Dans les cours secondaires et lycées du début du siècle, les programmes pour garçons et filles présentaient des différences.

Après 3 ans passés à Dijon, elle est reçue à 17 ans au Diplôme d’Etudes Secondaires.

Peu de temps après, elle apprend que ce diplôme lui ouvre une porte, celle de l’enseignement de l’allemand – matière où elle n’est pas très forte.

Il n’y a aucune préparation dans les lycées de filles pour ce certificat de langues vivantes alors que cela existait pour les lettres et sciences. Alors, elle décide d’aller en Allemagne tout en suivant quelques cours par correspondance. Elle y reste 3 ans.

Institutrice dans une famille allemande la deuxième année, elle trouve un poste d’adjointe en français dans une école de Nuremberg la troisième année.

De retour en France, elle passe le Concours pour l’Enseignement de l’allemand, équivalent du CAPES actuel.

Elle s’inscrit à la Sorbonne et passe son diplôme d’études supérieures sur les sources littéraires de la Tétralogie de Wagner.

Après la mort de son père, et après une dépression nerveuse, elle obtient un poste de professeur d’allemand à Orange.

Elle prépare et passe l’agrégation, concours mixte, mais dont les postes à pourvoir sont surtout réservés aux hommes.

 

Une vie vouée à la littérature et à l’enseignement

C’est à Orange, pendant la Grande Guerre, qu’elle va visiter un soldat blessé originaire de Ligny, Monsieur Janin. Et c’est dans cet hôpital qu’elle rencontre son futur mari, Henri, blessé lui aussi.

En 1916, elle se marie et donne naissance en 1917 à une petite fille, Jacqueline, dont vont pouvoir s’occuper grand-mère et arrière-grand-mère. Elle veut se rapprocher et obtient un poste à Toul. Pendant ce temps, elle prépare un Doctorat-ès-Lettres à 2 thèses :

1-     Mechtilde de Magdebourg, une mystique allemande du XIIIè siècle,

2-     Elle prépara la publication d’un manuscrit allemand du XVè siècle.

Ayant obtenu le CAPES sans avoir passé le Bac et la Licence, elle demande une dispense, pour le Bac, et doit payer double droit pour les 2 Bacs.

Pour la licence, ne voulant pas l’obtenir en allemand, elle étudie l’anglais et obtient sa licence d’anglais.

Son mari et sa fille habitant à Paris, elle demande à se rapprocher d’eux. En 1919, on l’envoie à Saint-Quentin dévasté par la guerre. Pendant cinq ans, elle revient plusieurs par semaine à Paris pour y retrouver les siens.

En octobre 1924, elle est nommée au Lycée Fénelon.

Le 18 septembre 1925, Jacqueline décède à l’âge de 8 ans, à la suite d’une diphtérie.

Elle passe sa thèse de Docteur ès Lettres.

En 1925, l’enseignement féminin est assimilé à celui des garçons. Mais ce n’est qu’en 1948 que les agrégées se retrouvent à égalités avec les agrégés.

Pendant la guerre, elle recueille des amis juifs allemands, connus autrefois. Elle travaille pour la Résistance, fabrique notamment de fausses cartes d’identité.

 

Une retraite active

Très active toute sa vie, elle continue après sa retraite officielle à Fénelon de préparer les candidats à l’agrégation au lycée Sévigné.

Elle vit à Paris, mais à chaque vacances, Jeanne Ancelet-Hustache revient dans sa maison de Ligny-en-Barrois où elle a tant de souvenirs.

Sans arrêt, elle travaille sur un nouveau livre ou traduit des anciens textes allemands avec une précision minutieuse.

Son seul répit, monter chaque après-midi au cimetière pour se recueillir devant la tombe de Jacqueline et de tous les siens.

Dame toujours en noir, les cheveux maintenus par un bandeau noir, à la boutonnière du manteau un discret ruban rouge, la Légion d’Honneur, donnée au titre de toute son œuvre littéraire, elle marchait énergiquement sans voir personne.

Un mois avant sa mort, toujours énergique malgré la maladie, elle parlait du nouveau livre qu’elle voulait commencer.

Elle, dont la sensibilité était si vive et l’espérance chrétienne si forte, eut beaucoup d’épreuves dans sa vie : la mort de sa fille unique, son mari, sa mère, des grands-parents, des parents bombardés et tués sur la route de l’exode, son filleul très aimé, disparu avec sa fiancée dans une excursion de montagne et dont les corps ne furent jamais retrouvés,… et tant d’amis très chers partis avant elle.

Nostalgique à la pensée de n’avoir plus personne derrière elle, elle s’imaginait avoir travaillé à vide et ne rien laisser de palpable. Et pourtant, toute son œuvre est là qui prouve le contraire.

Dans son testament, après avoir demandé des prières, elle écrit :

« Que l’on se réjouisse avec moi que j’aie enfin terminé le pèlerinage terrestre qui m’a été si dur ».

Cette femme de lettres a voué toute sa vie à la littérature et aux traductions. Outre ses nombreux ouvrages, et notamment « Le livre de Jacqueline » traduit dans plusieurs langues, Jeanne Ancelet-Hustache a écrit dans les Nouvelles littéraires, La Jeune République, L’Aube et tint pendant plus de 20 ans la chronique des lettres allemandes dans le quotidien La Croix.

Membre de la Société des Gens de Lettres, elle a vu en 1977 l’ensemble de son œuvre couronné par un prix de l’Académie Française.

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