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Critiques rédigées par Arnaud

 

Le manufacturier (Mattias Köping)

note: 5L'enfer sur terre... Arnaud - 20 mai 2021écoutez

J’avoue avoir toujours été attiré par les livres singuliers, différents, sortant des sentiers balisés de la littérature grand public. J’ai souvent recherché les sensations fortes, traqué le sentiment diffus du trouble, du malaise. Avec ce roman hors-normes de cet écrivain qui ne l’est pas moins (son premier roman « Les démoniaques » était déjà une claque), mes attentes ont été comblées, dépassées, pulvérisées même. Il y aura désormais un avant et un après « Le manufacturier » dans mon parcours de lecteur, déjà pourtant parsemé de chocs d’intensité variable. Attention, si certaines pages de cet épais livre sont insoutenables, il s’agit ici de vraie littérature et non pas d’un torchon écrit avec les pieds qui n’aurait comme simple volonté que de choquer les âmes sensibles. L’histoire, articulée autour de faits réels prenant racine dans le conflit terrible de l’ex-Yougoslavie, est passionnante d’un bout à l’autre et les personnages sont d’une profondeur peu commune. Le style sec, racé parvient à garder une certaine élégance et reste en permanence au service du récit. Il faut juste être conscient que ce roman doit être appréhendé comme une expérience, une expérience qui vous fait regarder l’enfer au fond des yeux sans jamais détourner le regard. Et un enfer bien réel, construit sur terre et par les hommes. Si vous vous sentez prêts, foncez, vous ne le regretterez pas, si vous aimez les romans « feelgood », fuyez sans vous retourner.

Animus (Jean-Baptiste Ferrero)

note: 5Grandiose ! Arnaud - 15 janvier 2021écoutez

Pierre Taillandier n’est plus qu’une conscience. Ses bras, ses jambes, une partie de son visage se sont envolés sous le feu des mitrailleuses de la VI armée du Kronprinz lors d’une des premières offensives de l’infanterie française au tout début de la Grande Guerre. Figé sur un lit d’hôpital, il n’est même plus capable d’émettre le moindre son, le moindre signe, un simple clignement des yeux lui est impossible et pourtant il vit, il pense, il ressent… plus que jamais et même comme jamais auparavant. Alors qu’il est enfermé dans ce qui lui reste de corps, le pouvoir de son esprit va lui ouvrir des perspectives inimaginables, invraisemblables… et pourtant tellement réelles. Un pouvoir qui va le mener dans les tréfonds de l’âme humaine et lui faire découvrir le pire et le meilleur, le sublime bonheur et l’indicible horreur.
Une surprise totale que ce roman d’un auteur que je ne connaissais pas, d’habitude plutôt porté sur le polar mais qui cette fois s’aventure dans un genre mêlant l’Histoire réelle et le fantastique. Ferrero réussit avec ce récit à l’écriture limpide, ponctué de trouvailles narratives originales, une odyssée captivante, bouleversante, à la fois teintée d’une noirceur ineffable et d’une éblouissante jubilation d’exister. Grandiose !

We the people of the soil (Inspector Cluzo (The))

note: 5De quoi faire mentir John Lennon... Arnaud - 29 août 2018écoutez

Si ce qui vous botte dans la musique, c’est l’authentique, le brut de décoffrage, les trucs sans fioritures. Si ce qui vous excite le plus, ce sont les gros riffs saignants qui font irrésistiblement dodeliner de la tête et taper du pied. Si la vue d’une Gibson SG accouplée à un ampli Marshall vous émeut aux larmes, alors un groupe français est fait pour vous et il s’appelle The Inspector Cluzo. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment un groupe mais plutôt un duo, qui cette année fête déjà ses dix ans. Il y a Laurent à la guitare et Mathieu à la batterie, mais ils préfèrent qu’on dise Malcom et Phil, allusion limpide pour les initiés... Le dernier album en date, enregistré à Nashville, s’appelle «We the People of the Soil» («Nous, les gens de la terre ») et même s’il laisse la part acoustique du groupe s’exprimer davantage, il s’inscrit dans le même état d’esprit que les précédents, en l’occurrence décoiffant, ébouriffant, tonitruant. Pour la petite histoire les deux compères sont aussi paysans (des gens de la terre donc…) et fabriquent leur propre foie gras dans une jolie ferme au coeur des Landes. En outre, fervents partisans du DIY (Do It Yourself), ils revendiquent une autonomie totale, chose rare dans ce business. The Inspector Cluzo a de quoi faire mentir John Lennon, qui aimait dire : « le rock français, c’est comme le vin anglais... ». Ah oui, j’oubliais, le duo est impérativement à voir sur scène, il y devient irrésistible… (Le 27 septembre, à Vitry-le-François par exemple)

Starcrawler (Starcrawler)

note: 5WHAOU ! Arnaud - 7 février 2018écoutez

Vous adorez le hard rock bien gras des frères Young (repose en paix Malcom…), le boogie glamour de T.Rex, la sauvagerie primale des Cramps et les performances scéniques façon Stooges première époque, ne cherchez plus, voilà votre nouveau groupe préféré : STARCRAWLER, la chose la plus fraîche qui soit arrivée au rock’n’roll depuis … une éternité. La fille et les trois garçons de ce groupe californien sont tellement jeunes qu’ils ne pourraient même pas entrer dans les salles où ils se produisent (parce qu’on y vend de l’alcool…), mais sont suffisamment matures pour produire une musique, certes hautement référencée, mais incroyablement jouissive et parfaitement exécutée. Ces jeunes insolents ont en plus le culot d’avoir de l’humour, ce qui ne gâche rien : dans le pire des cas, le clip de « I love L.A » vous arrachera un sourire. Le groupe de l’été au cœur d’un hiver effroyablement maussade, ça fait du bien ! Attention, « next big thing » en approche, ne ratez pas le coche !

« Starcrawler » / Rough Trade

Les choses qu'on ne peut dire à personne (Bertrand Burgalat)

note: 5Bertrand qui ? Arnaud - 20 septembre 2017écoutez

Bertrand Burgalat, c’est un peu comme l’élève le plus doué d’une classe qui s’attacherait à rester discret, vraisemblablement par modestie, plus sûrement par timidité. Il est vrai aussi qu’en matière de reconnaissance, la vie est parfois injuste avec les gens les plus brillants. Rien de grave cependant : l’homme connaît un succès d’estime grandissant qui lui a valu d’être nommé chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres. Mais tout de même ! Pourquoi diable une chanson comme « les choses qu’on ne peut dire à personne » n’est pas devenue le tube de l’été? Une mélodie imparable portée par des arrangements d’une élégance rare au service d’un texte parfait auraient dû lui ouvrir en grand les portes de la gloire. Mais non, après neuf albums solo, des musiques de film sublimes, des participations à des dizaines de projets dont établir la liste exhaustive serait une gageure, la création d’un label magnifique, l’œuvre de Burgalat reste, en dépit de ce splendide nouveau disque, un plaisir pour initiés. Ceux-là mêmes qui, à l’instar de cet artiste inclassable, font fi des modes et des tendances mais vibrent lorsqu’ils sont confrontés à la sincérité. Si vous ne connaissez pas Burgalat, découvrez-le avec cet album, le voyage vous emmènera là où vous n’aviez pas prévu d’aller, qui plus est dans des conditions de confort optimales.

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